Origines
La neuropédagogie est une discipline au carrefour de 3 domaines scientifiques : la psychologie, les neurosciences, et les sciences de l’éducation. Elle a pour ambition d’éclairer formateurs et apprenants sur les processus d’apprentissage, par la connaissance du fonctionnement cognitif. La nomination du psychologue cognitiviste Stanislas Dehaene à la tête du Conseil Scientifique de l’Education Nationale, créé par le Ministre Jean-Michel Blanquer en 2017, illustre cette volonté de développer, par la science, à la fois des connaissances et des pédagogies à mettre en oeuvre pour faciliter les apprentissages.
Controverse
L’émergence très médiatisée de cette discipline et l’engouement qu’elle suscite s’accompagnent de l’émergence d’un certain nombre de réactions et de critiques, venant enrichir le débat. Si certaines sont parfois infondées, la diversité des points de vues, des perspectives, révèle une richesse permettant à la fois la recherche de consensus autour d’un objectif commun, et une liberté pédagogique propre à chacun.
Intérêts
La neuropédagogie se concentre sur l’étude de l’acte pédagogique, de ses composantes et de leurs interactions. Jean Houssaye, professeur en Sciences de l'Éducation à l'Université de Rouen, présente ce modèle triangulaire de l’acte pédagogique.
Fig. 1. Le triangle pédagogique (Houssaye, 1988)
Nous proposons, à travers différents articles, d’illustrer les apports concrets de la recherche sur les composantes de ce modèle. Ces articles n’ont pas vocation à prescrire de “bonne méthode”, mais peuvent être considérés comme des ressources dont vous pouvez vous inspirer, qui demandent à être expérimentées et ajustées au cas par cas.
Nous y abordons des sujets variés : mémoire, attention, émotion, motivation, engagement...
Risques
La recherche scientifique permet la confrontation d’intuitions, d’hypothèses et de croyances, avec le réel. Avec méthode, elle confirme, invalide, ou nuance ces postulats formulés a priori. La neuropédagogie poursuit ces objectifs et invite également à la prudence. Elena Pasquinelli, chercheuse au Département d'Etudes Cognitives à l’Ecole Normale Supérieure de Paris, identifie 4 risques à considérer face aux données récoltées par les recherches sur les processus d’apprentissage.
- Utiliser le savoir scientifique comme prescriptif : les résultats d’une étude demandent à être répliqués et contrôlés par la communauté scientifique.
- Croire que l’on peut passer directement du laboratoire à la société : au contraire, les expérimentations successives vont progressivement affiner les résultats pour permettre une compréhension plus fine des situations écologiques. Cela nécessite de consentir au temps long de la recherche.
- L’effet persuasif : considérer comme plus convaincant tout ce qui se rapporte au cerveau ou a trait au jargon scientifique. Par exemple, il suffit d’insérer un cliché d’IRM dans un article pour qu’une information soit jugée plus sérieuse. On parle aujourd’hui de “neurophilie”.
- Les neuromythes : ce sont des croyances erronées sur le fonctionnement du cerveau. Par exemple, nous aurions chacun notre style d’apprentissage (visuel, auditif, kinesthésique), nous pourrions muscler notre cerveau par des jeux et écouter de la musique classique nous rendrait plus intelligent. La neuropédagogie n’est pas une méthode pour muscler le cerveau, mais pour mieux l’utiliser.
Sources
- Houssaye, J. (1988). Théorie et pratiques de l'éducation scolaire I : Le triangle pédagogique. Paris : Peter Lang
- Pasquinelli , E. (2015) Mon cerveau, ce héros : mythes et réalité, Éditeur : Le Pommier, ISBN : 9782746509153
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